En vacances, au coin de la rue

Jean-Philippe Nuel vous parle du staycation, cette nouvelle tendance de l’escapade, découverte et confort à côté de chez soi. Les frontières sont fermée ? C’est l’occasion de vivre sa ville, de se retrouver autrement, sans épuiser la planète. Les New Yorkais ont raffolé de staycation l’été dernier. Et vous, seriez-vous tenté par un week-end parisien à l’hôtel Molitor ou au Général ?

Les vacances d’hiver et des frontières fermées.

Un cocktail peu réjouissant au moment où nous avons tous besoin d’une respiration, d’une perspective inédite, d’un vent nouveau. Mais où ? Oublions le soleil des caraïbes, le charme du Maroc, la chaleur du golfe persique. Même à la montagne dotée cette saison d’une neige abondante, les remontées mécaniques sont fermées.

Et si nous partions tout simplement à côté de chez soi, dans sa propre ville, pour un Staycation. S’offrir un weekend en amoureux au coin de la rue dans un décor insolite et se laisser bercer. Devenir touriste dans sa propre ville.

L’idée du staycation, contraction entre vacances et rester chez soi en anglais, n’est pas nouvelle, mais cette tendance prend de l’ampleur et pourrait constituer pour l’hôtellerie une nouvelle source de revenus. Bien avant la pandémie de la Covid19 et du ralentissement des voyages d’affaires comme de tourisme, le staycation permettait de s’évader de chez soi ou de se retrouver en couple sans avoir à prendre sa voiture, un train ou un avion. Changement de quartier et d’ambiance pour un weekend dédié à la paresse, au bien-être ou au simple dépaysement. Changer d’atmosphère sans changer de ville.

Le Staycation pourrait constituer pour l’hôtellerie une nouvelle source de revenus

Lors de la transformation en 2014 à Paris de la piscine Molitor en un hôtel résolument contemporain, un miroir des espaces de fêtes et artistiques des habitués du quartier, nous n’avions pas imaginé qu’une clientèle parisienne prendrait d’assaut cet établissement.

Des couples ou des familles préfèrent pourtant aujourd‘hui la proximité de l’hôtel Molitor aux embouteillages et l’éloignement de la Normandie. Une clientèle du weekend. Elle arrive le plus tôt possible le samedi, s’installe autour de la piscine historique, part en promenade dans le bois de Boulogne adjacent, dîne dans le restaurant de l’hôtel ou dans le quartier, fait un détour par le bar, profite peut-être d’une installation artistique ou d’un concert, plonge une nouvelle fois dans une piscine ouverte 24 heures sur 24. Elle passe la nuit dans un lieu différent de son appartement, et elle paresse le matin autour d’un brunch, profitant encore d’un rayon de soleil parisien autour de la piscine.

Même chose au Général, hôtel proche de la place de La République. Des parcours découverte à vélo sont disponibles pour les clients qui n’ont plus qu’à décrocher du mur leur bicyclette. L’hôtel attire des jeunes parisiens ou banlieusards en quête d’un voyage inédit dans une des plus belles villes du monde.

L’été dernier, on ne trouvait plus une maison à louer dans les environs de New York et le tourisme lointain était au point mort. Aux premières grosses chaleurs, les New Yorkais se sont alors précipités dans les piscines perchées sur les toits des hôtels de Williamsburg, de SoHo ou du Meatpacking. Pour y accéder, ils devaient être clients et prendre une chambre. Une ou plusieurs nuits en famille, avec des amis ou à deux, un sac de voyage léger, un taxi ou le métro et en quelques minutes, ils se sont retrouvés ailleurs, loin du télétravail, des habitudes quotidiennes, dans un espace imaginé par d’autres, pour nager avec devant soi à perte de vue, les gratte-ciels de la ville. C’était le soir l’opportunité de visiter un quartier autrement, de flâner sans être pressé de rentrer, de pousser la porte des bars et des restaurants – s’ils sont ouverts – qu’ils ne connaissaient pas.

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Le Général ©Gilles Trillard

Le staycation : une solution économique et environnementale

Plus qu’une tendance temporaire, le staycation devrait devenir un style de vie. Finis les longues distances en voiture, les gares encombrées et les avions polluants juste pour vivre un weekend loin de chez soi. Le staycation permet de découvrir ce qui est sous nos yeux, à portée de mains. Certes, les magasins, les restaurants, les galeries d’art, les cinémas et les théâtres sont pour l’instant fermés. Mais les possibilités d’aventures locales seront demain infinies lorsqu’enfin tout rouvrira. Le staycation est aussi une opportunité immense pour diversifier les revenus. Si l’hôtel sait se transformer en une destination locale, il pourra attirer durablement cette clientèle de proximité.

Le staycation devrait devenir un style de vie

Aujourd’hui, nous ne sommes pas sûrs de l’issue de la crise sanitaire, la reprise de l’activité touristique risque d’être plus lente que prévue et cette nouvelle pratique pourra contribuer à compenser la baisse de voyageurs. Pour peu que l’hôtel revoie ses espaces et ses services, et devienne le point central d’un quartier ou d’une ville, il sera alors la destination pour se divertir. On y admirera un artiste local ou des musiciens, on y verra un film dans une salle de projection intimiste ou on s’adonnera à la fête, à la musique et on y dansera, on pourrait même y cuisiner des produits locaux en prenant des cours destinés à la famille – et bien sûr savourer ces recettes au déjeuner ou au diner. L’hôtel poursuivra sa métamorphose pour devenir un lieu de bien-être aussi, avec spa, piscine, salle de sport, peut-être de méditation et de yoga.

Nous oublierons peut-être ainsi un jour qu’en février 2021 nous ne pouvions plus passer les frontières de l’Europe car finalement le voyage de proximité, à quelques kilomètres de chez soi, sera devenu une expérience recherchée.

Pourquoi attendre ?

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